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lundi 7 avril 2008

Carla Bruni la discrète

La visite officielle en Grande-Bretagne l'a placée en pleine lumière. Mais, jour après jour, sa présence silencieuse et ses interventions tout en retenue sont en train de modifier l'image et le style présidentiels. Enquête sur une femme d'influence qui peut devenir un atout pour le chef de l'Etat. «Ecoute ! » Elle a posé la main sur son épaule et chuchoté à son oreille quand elle a senti que son attention se détachait du propos un tantinet trop long de leur interlocuteur. Et Nicolas Sarkozy, d'habitude impatient, prompt à écourter des entretiens qui se prolongent au-delà de ce qu'il estime nécessaire, laisse se finir lÕinterminable monologue, sur les conseils de sa femme, Carla Bruni-Sarkozy. Cette scène se déroule pendant la visite dÕEtat du couple présidentiel en Afrique du Sud, fin février. Elle est symptomatique de la discrète influence de la nouvelle première dame de France. Elle réussit à convaincre Nicolas Sarkozy de la nécessité de prendre son temps, d'écouter davantage ses interlocuteurs. Toutes choses que ses conseillers à l'Elysée tentaient de lui dire déjà auparavant. Mais avec visiblement moins de succès... «Ca a a plus de force si c'est elle qui le dit», reconnaît bien volontiers l'un d'eux, pas mécontent au final si le résultat obtenu correspond à ce qu'ils voulaient également. «J'ai l'influence que toute amoureuse a sur son amoureux»,nuance joliment Carla Bruni-Sarkozy - qui reconnaît toutefois apprécier l'écoute attentive que lui porte le chef de l'Etat.

Les deux jours de la visite d'Etat du couple présidentiel au Royaume-Uni, cette semaine, était une illustration de lÕinfluence et du rôle de Carla Bruni-Sarkozy, qui a méticuleusement préparé ce déplacement. Mercredi, à son arrivée au château de Windsor, elle est apparue ostensiblement discrète, dans son habit gris, un peu rétro, avec un chapeau anthracite qui lui donnait des airs de Jackie Kennedy, se tenant sagement aux côtés de la reine, après avoir effectué une révérence alors que le protocole ne l'y obligeait pas, devisant et souriant même avec elle pendant que Nicolas Sarkozy passait les troupes en revue avec le prince Philip. Loin, très loin de l'image véhiculée par les tabloïds anglais du mannequin flamboyant qu'elle a été, Carla Bruni- Sarkozy a voulu s'afficher dans une tenue stricte aux côtés du chef de l'Etat pour montrer qu'elle est désormais totalement dans son nouveau rôle de première dame de France.

Les photographes ne se sont focalisés que sur elle
L'influence de la première dame ne se mesure pas uniquement à sa capacité à régler le rythme présidentiel sur son propre tempo. Elle s'observe également à la lumière du tourbillon médiatique qui l'entoure. Moins de deux mois après son mariage, c'est vers elle que se tournent tous les objectifs des caméras et des photographes. Jamais une femme de président de la Ré publique n'a suscité autant de curiosité , n'a attiré autant de médias dans son sillage, n'a fait la couverture d'autant de magazines si peu de temps après son installation à l'Elysée. Inimaginable du temps d'Yvonne de Gaulle ou de Claude Pompidou, la machine médiatique ne s'est pas emballée de la sorte pour Anne-Aymone Giscard d'Estaing, Danièle Mitterrand ou Bernadette Chirac. Les précédentes épouses de Président pouvaient susciter la curiosité de ceux qui voulaient voir comment une militante se muait en première dame, intriguer ceux qui cherchaient à comprendre leur influence politique réelle, mais elles n'ont jamais eu à subir les assauts répétés des paparazzi ni l'étalage de leur vie privée sur internet. La première interview de Carla Bruni- Sarkozy, donnée à L'Express, a valu au magazine dirigé par Christophe Barbier de réaliser la meilleure vente de son histoire, plus de 600000exemplaires ! Jusqu'ici, c'était plutôt Nicolas Sarkozy qui assurait à la presse ses meilleures diffusions. En Inde, en Afrique du Sud, en Grande-Bretagne, les journalistes politiques et diplomatiques ont été surpris, à l'instar des services de l'Elysée, de voir apparaître dans les voyages officiels des collègues de la presse people accrédités comme eux pour suivre les premiers pas de Carla Sarkozy davantage que les discours de Nicolas Sarkozy.

Les objectifs des caméras et des appareils photo ne sont focalisés que sur elle. Comment est-elle habillée ? Va-t-elle sourire ou sera-t-elle crispée à sa descente d'avion ? Comment va-t-elle se comporter ? Et si elle commettait un impair, un faux pas ? Chaque expression de son visage à chaque instant peut revêtir une signification politique... « Tout est interprétable et interprété», constate-t-on, impuissant, à l'Elysée. Alors, les photographes et les cameramans ne la quittent pas d'une semelle. Une pression médiatique de tous les instants à laquelle, paradoxalement, l'ancien mannequin n'était pas préparée. Habituée depuis son enfance à changer de pays, de vie, puis de métier, Carla Bruni-Sarkozy ne s'attendait pas à «la violence» inhérente à l'univers de la politique. « C'est l'adaptation la plus ardue que j'ai eu à faire», reconnaît aujourd'hui la première dame de France en repensant à ces derniers mois qui ont bouleversé sa vie. Et pourtant, elle en a connu des changements, entre son départ d'Italie à 5 ans, la vie en France, le métier de mannequin à la renommée internationale, puis d'auteur compositeur interprète de chansons à succès.

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